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CBD : malgré la légalité, les banques refusent de financer les projets

grossiste en CBD Pro 4 You

En France, les boutiques spécialisées dans les produits à base de CBD fleurissent à un rythme impressionnant. En effet, leur effectif s’est multiplié par cinq en moins de deux ans, passant de 400 en 2020 à plus de 2 000 fin 2021 selon les chiffres du Syndicat professionnel du chanvre. Malgré la légalité du CBD, les banques rechignent à financer les projets du secteur.

CBD : un marché porteur miné par l’incertitude juridique

En 2021, le marché français des fleurs de CBD a généré un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros, une performance impressionnante si l’on tient compte du flou juridique qui entoure ce secteur d’activité.

Contrairement au THC, avec qui il partage la filiation chanvrière, le CBD ou cannabidiol est une molécule non psychotrope et non addictive. Lorsqu’il présente une concentration en THC inférieure à 0,3 %, le CBD peut être commercialisé en toute légalité dans l’Hexagone… du moins, provisoirement. En effet, un arrêté ministériel daté du 31 décembre 2021 avait interdit la vente de fleurs et feuilles brutes de CBD, menaçant plusieurs milliers d’emplois dans une filière qui s’étale du champ à la boutique. Saisi par les professionnels du secteur, le Conseil d’Etat a provisoirement suspendu cette interdiction, la jugeant disproportionnée au regard de l’absence de preuves sur la nocivité du CBD.

Le marché du CBD partage plusieurs points communs avec celui de la cigarette électronique :

  • Il s’agit d’un marché florissant, proposant de très beaux débouchés. Selon le média LSA Conso, la France ne compterait pas moins de 7 millions de consommateurs occasionnels, soit plus de 10 % de la population. On estime que le taux de marge des boutique de CBD en ligne oscille entre 15 et 35 % ;
  • Certains professionnels de santé estiment que le CBD peut avoir une utilité dans le cadre des stratégies de sevrage au cannabis. Ce discours prévaut également pour la cigarette électronique, qui serait plus ou moins efficace dans le sevrage tabagique ;
  • Enfin, les deux secteurs souffrent d’une instabilité juridique, avec des quiproquos, des arrêtés et des rétropédalages qui empêchent toute visibilité et toute projection pour les professionnels.

Le profil « santé » du CBD semble toutefois moins controversé que celui de la cigarette électronique. En effet, un consensus semble se dégager sur les vertus calmantes ainsi que les propriétés anti-inflammatoires et antalgiques du CBD. Le Conseil d’Etat a même confirmé le caractère non stupéfiant du cannabidiol dans son communiqué du 24 janvier 2022.

Financer son projet de vente de CBD légal : un vrai parcours du combattant

Au-delà des dégâts portés à l’image d’une molécule reconnue comme étant inoffensive par les autorités médicales, la turbulence de l’appareil législatif sur la légalisation des produits à base de cannabidiol prive les professionnels de toute source de financement externe.

Les commerçants et patrons de boutiques spécialisées dans le CBD ne parviennent pas à décrocher des prêts bancaires pour financer la croissance de leur activité. Ceux qui disposent déjà de fonds suffisants n’osent pas ouvrir de nouvelles boutiques ou diversifier leur gamme par crainte d’une interdiction dans un avenir proche. Dans le même sens, les porteurs de projet qui souhaitent ouvrir une boutique de CBD ou lancer une startup dans le secteur se heurtent à l’amalgame entre le cannabidiol et le cannabis « stupéfiant ». Agathe Lecoq et Léa Philippot, cofondatrices d’une startup qui mise sur le CBD pour lutter contre le stress et l’insomnie, ont témoigné au micro de Maddyness : « C’est un business légal mais les banques traditionnelles françaises ne suivent pas. Nous avons essuyé plusieurs refus ». D’autres enfin, comme le grossiste en CBD Pro 4 You, « acceptent » le risque et financent leur expansion.

Résultat : l’écrasante majorité des porteurs de projet doivent se tourner vers des banques européennes, avec parfois des procédures administratives lourdes, des taux d’intérêt élevés, un temps de traitement conséquent et de nombreux déplacements. Même son de cloche pour les assurances et la location du fonds de commerce. Et quand bien même l’entrepreneur parviendrait à financer son projet, il devra probablement passer par un prestataire étranger pour proposer le paiement en ligne. « Si l’ouverture d’un compte a été acceptée, la banque a refusé d’assurer le paiement en ligne sur le site », explique un professionnel du secteur à Maddyness. Face à la frilosité des banques, les professionnels s’orientent de plus en plus vers des sources de financement alternatives comme le crowdfunding.

Il appartient donc à l’Etat de trancher, en légalisant ou en interdisant définitivement la commercialisation des produits à base de CBD. Pendant ce temps, le Royaume-Uni vient d’inscrire les produits à base de CBD dans la catégorie des « aliments », au même titre que les compléments alimentaires.